- Présentation -
On
peut accorder à l’art un rôle de dévoilement.
Qu’est-ce
que cela veut dire ? Il s’agirait en fait de redéfinir le « réalisme ».
On entend en général par réalisme une pratique qui nous montrerait le « Réel »,
le monde dans sa réalité. Or ce qui est réel pour les hommes d’un
pays, à une époque donnée, ne l’est peut-être pas pour d’autres
hommes, d’un autre temps, dans un pays différent. La réalité devient
donc relative à une conception du réel. Et ce réel n’est pas
transportable comme le mobilier d’une maison. Est-ce pour autant que
chacun vit dans sa propre réalité, coupé de tout, et qu’il n’y a
pas de communication possible ?
Nous
énonçons ici deux extrêmes : un extrême objectivisme et un extrême
subjectivisme. Et dans cette dichotomie bien connue on pense qu’il faut
choisir, qu’il n’y a pas de résolution possible. Et si l’Art en
proposait une ?
La
matière première de l’art c’est la perception. On pourra toujours
dire que la perception peut-être vraie ou fausse, qu’elle peut
organiser une illusion et donc que le réel nous échappe. Mais il ne faut
pas confondre les objets de la perception avec l’acte même de
percevoir. On peut douter des objets de la perception – le cas extrême
étant l’hallucination – mais on ne peut douter de l’acte de
percevoir qui est le véhicule de la conscience.
Autrement
dit on peut douter du monde, mais on ne peut douter de son « expérience
du monde »
Nous
proposons ici de montrer l’art, à travers la peinture, comme un retour
à l’expérience la plus profonde de chacun. S’il y a une réalité
elle se doit de passer par l’expérience c’est-à-dire par le corps.
Un art réaliste est alors un art qui cherche à déchiffrer le mystère
de la perception, qui s’immerge dans l’expérience physique du monde
à travers la sensation, pour conjuguer le corps et l’esprit, le
subjectif et l’objectif, et non pas pour représenter avec plus ou moins
d’habileté les apparences conventionnelles d’un monde admis.
« L’Art
ne reproduit pas le visible, il rend visible »